Le scandale des téléphones portables biodégradables
   

«Un téléphone portable biodégradable» (Agence France Presse),

«Un téléphone portable 100% biodégradable» (Marianne),

«Votre téléphone portable ne vous plaît plus: dites le lui avec une fleur» (Le Monde)...

Voilà les titres (véridiques) qui ont poussé comme de la mauvaise herbe dans la presse cette semaine. Motif? Une "innovation" qui nous vient d'Angleterre : des chercheurs de l'université de Warwick auraient donc mis au point un téléphone qui se plante dans un pot de terre et se dégrade naturellement au bout de quelques semaines. Et grâce à une graine de tournesol confinée dans la coque, le téléphone deviendra fleur...
Beau conte de fée high-tech dont raffolent les gazettes adeptes du copier-coller. Mais surtout belle intox à laquelle les chercheurs ont eux-mêmes contribué à répandre dans leur communication. Mais en lisant bien, ils avouent que seule la coque en plastique du téléphone (case, casing ou cover en anglais) est biodégradable; leur partenaire, Pvaxx Research, est un pro des plastiques bio. Dans un très court article, la BBC a tout de même percuté, malgré un titre racoleur («Mise au point d'un téléphone biodégradable»), et relaté la vérité. La presse française est passée à travers à cause, semble-t-il, de la dépêche de l'AFP; elle a sans doute été mal traduite...
Un plastique bio? La prouesse n'est cependant que relative: déjà, n'en déplaise aux écolos de la dernière heure, les polymères sont des matériaux organiques (en gros, ils sont composés au minimum des éléments C, O et H), et certaines formules sont déjà connues pour se dégrader plus facilement lorsqu'elles sont en contact avec d'autres matières organiques.
En revanche, un téléphone mobile, et là se trouve la vrai manipulation, est constitué d'autres composants autrement plus agressifs pour la santé ou l'environnement, de la batterie aux transistors, en sachant aussi que pour fabriquer les composants électroniques, il faut employer des solvants et divers produits chimiques corrosifs voire nocifs.
L'essentiel, c'est que le gogo gobe la graine de tournesol?

   
  communiqué du "Research Warwick"